Inventaire: Constantinople, Antônios Kantakouzênos - 16e s.

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"Inventaire: Constantinople, Antônios Kantakouzênos - 16e s." dans la base RIMG (permalink : https://bibale.irht.cnrs.fr/RIMG.php/111270). Consultation du 22/12/2024.
Enumération / Inventaire  
Τὰ βιβλία τοῦ ἐνδοξοτάτου ἄρχοντος κυροῦ Ἀντωνίου τοῦ Καντακουζηνοῦ  
L'inventaire se trouve dans le ms.: Wien, Österreichische Nationalbibliothek hist. gr. 98, ff. 32-36v. L’inventaire occupe les ff. 32-36v d’un codex en papier de la seconde moitié du 16e s. dont la datation ne fait pas l’unanimité parmi les chercheurs. Si dans son catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Vienne Hunger se contente de le dater de la seconde moitié du 16e s. (Hunger, 1961, p. 107), Papazoglou propose une fourchette de 1565 à 1575 (Papazoglou, 1983, p. 70-72) et De Gregorio fait remonter la datation entre 1562 et 1564 (De Gregorio, 1996, p. 234-237) ; cette thèse fut contestée plus récemment par Lauxtermann qui proposa la période qui va de 1565 jusqu’en 1571 (Lauxtermann, 2013, p. 277). L’identification du copiste est plus consensuelle : le manuscrit est aujourd’hui reconnu, presque à l’unanimité (De Grgeorio, 1996, p. 233-234 ; Lauxtermann, 2013, p. 277, contra Papazoglou, 1983, p. 74, qui en assigne une partie à Manuel Malaxos), comme provenant, dans son intégralité, de la main de d’[[https://bibale.irht.cnrs.fr/101125|Ioannês Malaxos (RGK I, 170 ; RGK II, 226 ; RGK III, 282). Le codex s’ouvre par un bref traité anonyme sur les antiquités de Constantinople, qui est suivi par huit catalogues de bibliothèques en grec et un dernier rédigé en latin et copié par une main du 18e s. (Hunger, 1961, p. 107). Le catalogue d’Antônios Kantakouzênos est précédé de l’inventaire des livres d’un « grammatikos » (ff. 19v-31 : Τάδε ἑξῆς βιβλία ἐκ τοῦ καταλόγου παρὰ τοῦ γραμματικοῦ κατασκευασμένα) et suivi de l’inventaire de la bibliothèque de Manouêl Eygenikos (ff. 37v-42 : Τὰ παρόντα βιβλία εἰσὶ τοῦ ἐνδοξοτάτου ἄρχοντος κυροῦ Μανουὴλ τοῦ Εὐγενικοῦ). Il constitue le cinquième inventaire transmis par ce recueil. Antônios Kantakouzênos était actif dans la seconde moitié du 16e s. et aurait appartenu à la quatorzième génération des Cantacuzènes, nés entre 1500 et 1520, selon FILITTI, 1936, p. 13. Il fut impliqué dans les événements qui suivirent la mort du patriarche Jérémie Ier et l’avènement au trône patriarcal de Joasaph II et, deux années plus tard, de Métrophane III. La date de sa mort nous est connue par Gerlach : le 22 mars 1575 (Papazoglou, 1983, p. 271). L’inventaire de sa bibliothèque serait donc antérieur à cette année. On décompte 44 livres, manuscrits et imprimés, qualifiés de χαρτία ou de βιβλία ; notons que le terme χαρτί est employé même pour les imprimés. Les volumes sont numérotés en chiffres grecs et cités par ordre croissant ; la liste s’ouvre avec les manuscrits et clôt avec les imprimés, sans aucune suite thématique. Les entrées contiennent le nom de l’auteur, une description plus ou moins détaillée du contenu, ainsi que l’indication de la matière, à l’exception d’un seul codex, avec la formule « καὶ ἔνε/εἶναι το χαρτί » accompagnée d’un qualificatif : on y trouve dix manuscrits en papier (βιββάκινο / κόλλες βιββάκινες), dix autres en papier soyeux (κόλλες μεταξωτές), et sept manuscrits en parchemin (βιβράϊνο / βεβράϊνο), ainsi que quinze imprimés (σταμπάδο). On notera l’usage de l’adjectif βιββάκινος, déformation de la forme tardive de l’adjectif βαμβύκινος pour désigner le papier oriental (ATSALOS, 2004, p. 36, 111), ainsi que l’emploi du nom d’origine italienne κόλλα, qui signifie la feuille (KRIARAS, Λεξικό, Hʹ, p. 232, s.v. κόλλα). L’adjectif μεταξωτός renvoie sans doute au papier occidental, dans une tournure qui surprend par son originalité. On y trouve également deux manuscrits (ιζʹ et κδʹ) illustrés ou décorés : l’usage de l’adjectif φιγουράδος, encore un emprunt linguistique de l’italien, est caractéristique des catalogues tardifs (ATSALOS, 2004, p. 111). Concernant le premier, un tétraévangile en parchemin, on précise qu’il est orné d’or et de λαζοῦρι, terme d’origine latine désignant la pierre précieuse lapis lazuli : f. 33v : ιζʹ, Τὰ τέσσερα εὐαγγέλια τὰ καθημερούσια, καὶ εἶναι φιγουράδα μὲ τὸ λαζοῦρι καὶ μὲ τὸ χρυσάφι, καὶ τὸ χαρτὶ ἔνε βιβράϊνο. Nous avons vraisemblablement affaire à un manuscrit orné dit en stile blu, où le bleu est d’habitude utilisé avec l’or pour les initiales et des bandeaux (ATSALOS, 2004, p. 111, 168, n. 365, 169 avec d’autres attestations). Les livres sont cités dans le désordre, le seul indice de classement étant le fait que les imprimés soient placés en fin de liste (λʹ-μδʹ), avec quatre dictionnaires en dernier lieu (μαʹ-μδʹ). La longueur des entrées est très variable : par exemple, plusieurs lignes sont consacrées à la description du codex illustré (ὅλους φιγουράδους) des prophéties de Méthode de Patara (κδʹ),Méthodios Patarôn (κδ’), tandis que le contenu du manuscrit de Plutarque est très bref et vague : Πλουτάρχου ἱστορίαι πολλαί (κθʹ). La bibliothèque d’Antôniosd’[[https://bibale.irht.cnrs.fr/101096|Antônios Kantakouzênos couvre un large éventail de thématiques de la littérature théologique, aussi bien que profane. D’un côté, on trouve des canons et des actes de conciles (δʹ, στʹ etc.), de la littérature patristique (ιστʹ, ιηʹ, κʹ, καʹ, κεʹ, λδʹ) et liturgique (ιηʹ, κβʹ, κγʹ, κστʹ), ainsi que le traité à caractère prophétique de Méthode (κδʹ) Méthodios Patarôn (κδ’) ; de l’autre côté, la médecine et les recettes médicales traditionnelles, ἰατροσόφια (βʹ, γʹ, ιʹ, ιαʹ), l’histoire (αʹ, εʹ, ζʹ, θʹ, κθʹ, μʹ, λαʹ, λβʹ, ληʹ), la grammaire (λεʹ, λστʹ, λθʹ), les dictionnaires (ιβʹ, μαʹ, μβʹ, μγʹ, μδʹ) ainsi que Homère et ses commentateurs (λʹ, λγʹ) sont bien représentés. La présence d’un manuscrit en papier soyeux (ηʹ) et aussi d’un imprimé (λζʹ) transmettant les quatre discours apologétiques de Jean VI Cantacuzène contre Mahomet est révélatrice d’un intérêt personnel et familial : la lignée des Cantacuzènes revendique son passé byzantin. De même que pour les autres listes transmises dans ce recueil, les problèmes posés par ce recensement sont légion (Papazoglou, 1983, p. 273-310), car la réalité se mêle à la fiction et nous sommes dans l’impossibilité de dire avec certitude quels sont les livres de cet inventaire qui se sont trouvés en réalité dans la bibliothèque d’Antonios Kantakouzênos. La collection de ce dernier est intimement liée à celles de Géôrgios Kantakouzênos, qui aurait hérité de ses livres (Papazoglou, 1983, p. 279-280). Le caractère fictif de l’ensemble du recueil, généralement admis depuis Krumbacher qui y vit un faux, « eine absichtliche Fälschung » (Krumbacher, 1897, p. 509) impose la prudence : cet inventaire fait partie d’une entreprise qui visait à nourrir l’imaginaire collectif autour de l’image d’une ville encore érudite, munie de bibliothèques richissimes (Lauxtermann, 2013, p. 281). Les possesseurs de ces bibliothèques étaient souvent des descendants de grandes familles byzantines.  
grec    
Kantakouzênos    
Malaxos    
Zygomalas    
Constantinople    
   

   

Personne

Type Notice Date Lieu Commentaire

a été commandité(e) par
Crusius, Martin (1526 - 1607)

a été élaboré(e) par
Zugomalas, Theodosios (1544 - 1607)
  
Anna Lampadaridi (04/07/2024 15:55)
Cahal Taaffe (26/11/2024 18:02)