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Inventaire: Skiathos, Monastère de l'Annonciation - 18e s.

 
"Inventaire: Skiathos, Monastère de l'Annonciation - 18e s." dans la base Bibale (permalink : https://bibale.irht.cnrs.fr/111350). Consultation du 23/11/2024.
Enumération / Inventaire  
1732  
Ετουτα τα βηβηληα όπιος δὲν τα έχη και τα ἁποκτήσει…  
L'inventaire se trouve dans le ms.: Skiathos, Monê Euaggelismou 66, f. 55 (=p. 111). L’inventaire se trouve dans une note au f. 55 (= p. 111) d’un codex en papier, datable du 18e s. qui constitue la copie du livre imprimé intitulé Βιβλιάριον καλούμενον πίστις : ἀναγκαῖον εἰς κάθε ἁπλοῦν ἄνθρωπον βεβαιωμένου ἀπὸ Προφήτας, Εὐαγγέλιον, Ἀποστόλους καὶ ἄλλους σοφοὺς διδασκάλους de l’érudit Νektarios Terpos (Νεκτάριος Τέρπος) (LEGRAND, I, 1918, p. 237-238, n° 209), l’un des représentants des « Lumières grecques » (GARITSÊS, 2002). Le traité a joui d’une large diffusion et donné lieu à plusieurs réimpressions ; sa première édition remonte en 1732, année qui fournit un terminus post quem pour la copie du présent codex.
La note avec mention de livres se situe au f. 55 (= p. 111), entre deux Εὐχαί : Eὐχαὶ καθ᾽ἑκάστην ἡμέραν εἰς τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστόν (f. 52r-v/p. 105-106) et Εὐχαὶ καθ᾽ἑκάστην ἡμέραν εἰς τὸν Κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν λεγόμεναι κάθε μέρα τῆς ἑβδομάδος (ff. 56-57v/p. 113-120). Une main anonyme recense neuf livres, qualifiés de βηβηληα ; cette liste a bien une particularité : loin d’être une liste de possession, de vente ou d’emprunt, elle constitue une liste de lectures fortement recommandées par l’auteur. Quiconque ne les a pas, nous dit-il, et les acquiert, devrait les lire pour son édification (ὁπιος δὲν τα ἐχη καὶ τα ἁπόκτησει νά τα αναγνώση δηά ὀφέλειαν τῆς ψυχῆς). Les titres de ces livres utiles à l’âme sont cités en toute concision, sans aucune référence au support : ici c’est le contenu qui l’emporte sur l’aspect matériel du livre, manuscrit ou imprimé. Les œuvres sont évoquées pêle-mêle, sans aucune intention de catégorisation par auteur ou selon un autre critère.
L’auteur de l’inventaire entame son énumération par un livre intitulé ὁ κοινὸς ἐφραίμ, qui renvoie vraisemblablement à une traduction en grec vulgaire (κοινὸς) des hymnes d’Éphremd’Éphrem le Syrien. Malgré l’intitulé vague, une telle attestation n’a rien de surprenant : les œuvres d’Éphremd’Éphrem circulent dans les bibliothèques des monastères de l’époque (par exemple celle du monastère Saint-Nicolas dans l’île d’Andros ou celle du monastère des Saints-Théodores à Aroania, dans le Péloponnèse). On y recèle notamment quatre livres du moine Agapios Landos, érudit crétois du 17e s. dont les écrits furent assez célèbres pendant l’occupation ottomane (SATHAS, 1868, p. 313-314 ; PETIT, 1899/1900, p. 278-285 ; KAKOULIDÈS, 1967, p. 387-392) ; nous avons affaire à des compilations hagiographiques : Paradeisos (ὁ παράδησος) Neos Paradeisos (ὁ νέος παράδησος), Eklogion (τὸ ἐκλόγιον) avec des vies métaphrastiques traduites en grec vulgaire et un exemplaire du recueil connu sous le nom de Kalokairinè (ἡ καλοκαιρινή) contenant des vies de saints des mois estivaux (1er mars-fin août) traduites en grec vernaculaire. Οn trouve également un livre appelé ὁ θησαυρός τοῦ Δαμασκηνοῦ : il s’agit du recueil d’homélies composé au 16e s. par par Damascène le Stoudite (SATHAS, 1868, p. 152-153 ; MANOU, 1999 ; LITSAS, 2001, p. 247-258) et connu justement sous le titre Θησαυρὸς Δαμασκηνοῦ. À ce dernier s’ajoute le livre intitulé ὁ νέος θησαυρός, qui renvoie à l’œuvre de Géôrgios Sougdourês (2nde moitié du 17e s.-1725, voir SATHAS, 1868, p. ), parue à Venise en 1748. La présence de deux traités de la plume de Nicodème l’Hagiorite, (1749-1809), l’un des principaux représentants du mouvement de « collybades » n’est pas étonnante, vu que le monastère de l’Annonciation de l’île de Skiathos fut l’une de ses forteresses : Neon eklogion (τὸ νέον ἐκλόγιον) et Neon martyrologion (τὸ νέον μάρτιρολόγιον).
Cette liste, qui nous surprend par son caractère inédit, est fort intéressante pour la connaissance des bibliothèques grecques au 18e s. Dans sa brièveté, ce petit relevé, qui regroupe les lectures préférées d’un moine anonyme provenant vraisemblablement du milieu de « collybades », donne une image exacte de livres qui circulaient dans les bibliothèques grecques pendant l’occupation ottomane : nous avons affaire à des ouvrages qu’on retrouve dans maints inventaires de cette période. En même temps, le principe de « lectures recommandées » se rattache à l’idée des « bibliothèques imaginaires », ou « idéales », aux ouvrages qu’une bonne bibliothèque de l’époque devait posséder.  
grec    
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Terpos    
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bibliothèque imaginaire    
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Anna Lampadaridi (04/07/2024 15:55)
Cahal Taaffe (26/09/2024 15:25)