SOURCE
Inventaire: Mantineia, Monastère de la Théotokos Gorgoepêkoos - 1678(a)
"Inventaire: Mantineia, Monastère de la Théotokos Gorgoepêkoos - 1678(a)" dans la base Bibale (permalink : https://bibale.irht.cnrs.fr/111322). Consultation du 21/11/2024.
1678/03/01
Κεφάλε(ον) α’/ Tὰ πράγματα ὁποῦ ἀφηέρωσεν ὁ πανοσιώτατος, ἐν ἱερομονάχοις κ(ῦρ) Γαβριὴλ ὁ ἐξ Ἄργους / καὶ ἐν πρώτοις εὐαγγέλιον μαγκανιστόν
L'inventaire se trouve dans le ms.: Athêna, Ethnikê Bibliothêkê tês Hellados 1917, f. 4-4v. L’inventaire occupe le recto et le verso du f. 4 d’un codex en papier daté, au moins pour l’une de ses parties, du 17e s. Le manuscrit transmet des textes canoniques, notamment de Manuel Malaxos (f. 12-25), mais surtout une grande masse de documents liés au monastère de la Théotokos Gorgoepêkoos (Θεοτόκου Γοργοεπηκόου), près du village du nom de Tsipiana (ou Tzipiana), dans la région de Mantineia dans le Péloponnèse. Le texte est écrit sur deux colonnes, par plusieurs mains différentes. Le codex se distingue par sa décoration aux couleurs vives, sous forme d’arcades entourant le texte. Ce relevé constitue en réalité la première partie de la liste d’objets appartenant au [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|hiéromoine Gabriel]], qui légua (ἀφηέρωσεν) ses biens (πράγματα) au monastère le 1er mars 1678, d’après la note du f. 3v. La seconde partie de cette liste est transmise par les folios 3 et 3v du même codex. Les deux folios ont été placés en désordre, car le titre se trouve sur l’actuel f. 4 et la fin de l’inventaire, avec la souscription, sur l’actuel f. 3v.
Cette liste de donation s’ouvre sur un évangéliaire qui devait constituer une pièce importante de la collection de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]], car sa description s’étend sur une douzaine de lignes. Il s’agit manifestement d’un objet de luxe, d’emblée qualifié de μαγκανιστό. On apprend aussi qu’il est brodé d’or (χρισοκέντιτον) ; sa reliure est en velours rouge (βελοῦδο), avec du fil (μεσήρμα) jaune (κήτρινον) et blanc (ἄσπρον). Sur l’un de ses plats (εἰς τὴν μίαν μεριὰν), il porte un médaillon d’argent (ἀσιμένια) représentant la résurrection (ἔχει τὴν ἀνάστασιν τοῦ Χριστοῦ), tandis que sur l’autre (εἰς τὴν ἄλλην), on trouve la crucifixion (σταύροσιν), détail caractéristique de la reliure des manuscrits de luxe (ATSALOS, 2014, p. 130). L’évangéliaire est muni de quatre boutonnières en argent (θειλήκια ἀργιρὰ ταίσερα) (ibid., p. 213), de huit clous également en argent (καρφία ἀργιρὰ ὀκτώ) servant à fixer les éléments décoratifs (ibid., p. 131), ainsi que d’un bon nombre de pierres précieuses (πετράδια) : vingt-trois rouges (κόκκινα ἡκοσιτρία) aux montures d’argent (ἀργιροδεμένα), dix-neuf vertes(πράσινα δεκαενέα) et dix azurs (γαλάζια δέκα).
La liste se poursuit avec d’autres objets qui servent à la liturgie, comme une coupe sacrée (ἱερὸν ποτήριον), un disque (δισκάριον), des couvertures (καλείματα) et d’autres, dont la description est souvent munies de précisions intéressantes pour la terminologie des objets sacrés. À la fin de chaque entrée on indique systématiquement son prix, calculé en γρόσια, avec la formule inédite ἔχει/ἔχουν ἀγορά ... γρόσια. Vers la fin de la liste, dans la deuxième colonne du f. 4v, on retrouve encore trois livres, qui servent tous à la liturgie : un euchologion (εὐχολόγιον), une liturgie (λητουργία) et un diakoniko (διακονικό). Tous les trois sont dorés (εὐχολόγιον χρισῶ ; λητουργία χρισί ; διακονικὸ χρισώ) ; l’euchologion coûte quatre γρόσια, tandis que le prix des deux autres est estimé à un γρόσι. L’euchologion est muni de deux boutonnières, θηλύκια (ATSALOS, 2004, p. 212-213), en argent (μὲ θοιλήκια ἀργιρὰ δίο). Le diakoniko, qualifié de χηρόγραμμα, est sans doute un manuscrit, vraisemblablement le seul de la liste.
Cette liste présente un intérêt linguistique non négligeable et certains termes nous surprennent par leur originalité. L’adjectif μαγκανιστός (DÊMÊTRAKOS, Mega lexicon, s.v. μαγκανιστός) qui qualifie un livre imprimé, dérive sans doute du mot μαγκάνι ou μάγκανο (du latin mangano), qui désigne ici vraisemblablement la presse d’imprimerie ; le nom est attesté dans l’inventaire de 1752 du même monastère, très probablement à propos du même évangéliaire. Le terme σύρμα, qui désigne le fil, la paille, (DU CANGE, 1491-1492), ainsi que celui de χειρόγραμμα, pour indiquer un livre manuscrit, retiennent également l’attention.
Cette liste de donation nous renseigne à la fois sur les effets de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]], hiéromoine originaire de la ville d’Argos, ainsi que sur le patrimoine du monastère de Théotokos Gorgoepêkoos en 1678. On y décèle une certaine sensibilité artistique : le relevé témoigne de la richesse de la collection de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]] et de son goût pour les manuscrits ornés ; il permet de retracer l’histoire de sa bibliothèque, ainsi que celle du monastère auquel il a légué ses biens.
Cette liste de donation s’ouvre sur un évangéliaire qui devait constituer une pièce importante de la collection de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]], car sa description s’étend sur une douzaine de lignes. Il s’agit manifestement d’un objet de luxe, d’emblée qualifié de μαγκανιστό. On apprend aussi qu’il est brodé d’or (χρισοκέντιτον) ; sa reliure est en velours rouge (βελοῦδο), avec du fil (μεσήρμα) jaune (κήτρινον) et blanc (ἄσπρον). Sur l’un de ses plats (εἰς τὴν μίαν μεριὰν), il porte un médaillon d’argent (ἀσιμένια) représentant la résurrection (ἔχει τὴν ἀνάστασιν τοῦ Χριστοῦ), tandis que sur l’autre (εἰς τὴν ἄλλην), on trouve la crucifixion (σταύροσιν), détail caractéristique de la reliure des manuscrits de luxe (ATSALOS, 2014, p. 130). L’évangéliaire est muni de quatre boutonnières en argent (θειλήκια ἀργιρὰ ταίσερα) (ibid., p. 213), de huit clous également en argent (καρφία ἀργιρὰ ὀκτώ) servant à fixer les éléments décoratifs (ibid., p. 131), ainsi que d’un bon nombre de pierres précieuses (πετράδια) : vingt-trois rouges (κόκκινα ἡκοσιτρία) aux montures d’argent (ἀργιροδεμένα), dix-neuf vertes(πράσινα δεκαενέα) et dix azurs (γαλάζια δέκα).
La liste se poursuit avec d’autres objets qui servent à la liturgie, comme une coupe sacrée (ἱερὸν ποτήριον), un disque (δισκάριον), des couvertures (καλείματα) et d’autres, dont la description est souvent munies de précisions intéressantes pour la terminologie des objets sacrés. À la fin de chaque entrée on indique systématiquement son prix, calculé en γρόσια, avec la formule inédite ἔχει/ἔχουν ἀγορά ... γρόσια. Vers la fin de la liste, dans la deuxième colonne du f. 4v, on retrouve encore trois livres, qui servent tous à la liturgie : un euchologion (εὐχολόγιον), une liturgie (λητουργία) et un diakoniko (διακονικό). Tous les trois sont dorés (εὐχολόγιον χρισῶ ; λητουργία χρισί ; διακονικὸ χρισώ) ; l’euchologion coûte quatre γρόσια, tandis que le prix des deux autres est estimé à un γρόσι. L’euchologion est muni de deux boutonnières, θηλύκια (ATSALOS, 2004, p. 212-213), en argent (μὲ θοιλήκια ἀργιρὰ δίο). Le diakoniko, qualifié de χηρόγραμμα, est sans doute un manuscrit, vraisemblablement le seul de la liste.
Cette liste présente un intérêt linguistique non négligeable et certains termes nous surprennent par leur originalité. L’adjectif μαγκανιστός (DÊMÊTRAKOS, Mega lexicon, s.v. μαγκανιστός) qui qualifie un livre imprimé, dérive sans doute du mot μαγκάνι ou μάγκανο (du latin mangano), qui désigne ici vraisemblablement la presse d’imprimerie ; le nom est attesté dans l’inventaire de 1752 du même monastère, très probablement à propos du même évangéliaire. Le terme σύρμα, qui désigne le fil, la paille, (DU CANGE, 1491-1492), ainsi que celui de χειρόγραμμα, pour indiquer un livre manuscrit, retiennent également l’attention.
Cette liste de donation nous renseigne à la fois sur les effets de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]], hiéromoine originaire de la ville d’Argos, ainsi que sur le patrimoine du monastère de Théotokos Gorgoepêkoos en 1678. On y décèle une certaine sensibilité artistique : le relevé témoigne de la richesse de la collection de [[https://bibale.irht.cnrs.fr/ 101042|Gabriel]] et de son goût pour les manuscrits ornés ; il permet de retracer l’histoire de sa bibliothèque, ainsi que celle du monastère auquel il a légué ses biens.
Personne
Type | Notice | Date | Lieu | Commentaire | |
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a été élaboré(e) par
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Gabriēl Argeios (17e s.) |
Anna Lampadaridi (04/07/2024 15:55)
Cahal Taaffe (26/09/2024 15:15)