SOURCE
Inventaire: Constantinople, Michaêl Kantakouzênos - 16e s.
"Inventaire: Constantinople, Michaêl Kantakouzênos - 16e s." dans la base Bibale (permalink : https://bibale.irht.cnrs.fr/111296). Consultation du 21/11/2024.
Ταῦτά εἰσι τὰ βιβλία τοῦ ἐνδοξοτάτου ἄρχοντος κυροῦ Μιχαὴλ τοῦ Καντακουζηνοῦ
L'inventaire se trouve dans le ms.: Wien, Österreichische Nationalbibliothek hist. gr. 98, ff. 43v-50. L’inventaire occupe les folios 34v-50 d’un codex en papier de la seconde moitié du 16e s. dont la datation ne fait pas l’unanimité parmi les chercheurs. Si dans son catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de Vienne, Hunger se contente de le dater de la seconde moitié du 16e s. (HUNGER, 1961, p. 107), Papazoglou propose une fourchette entre 1565 et 1575 (PAPAZOGLOU, 1983, p. 70-72) et De Gregorio remonte la datation entre 1562 et 1564 (DE GREGORIO, 1996, p. 234-237) ; cette hypothèse fut contestée plus récemment par Lauxtermann qui proposa la période entre 1565 et 1571 (LAUXTERMANN, 2013, p. 277). Il en va de même pour l’identification du copiste : le manuscrit est aujourd’hui reconnu, presque à l’unanimité (DE GREGORIO, 1996, p. 233-234 ; LAUXTERMANN, 2013, p. 277, contrairement à (PAPAZOGLOU, 1983, p. 74, qui en assigne une partie à Manuel Malaxos), comme provenant, dans son intégralité, de la main d’Ioannês Malaxos (RGK I, 170 ; RGK II, 226 ; RGK III, 282). Le codex s’ouvre avec un bref traité anonyme sur les antiquités de Constantinople, qui est suivi par huit catalogues de bibliothèques en grec et un dernier rédigé en latin et copié par une main du 18e s. (HUNGER, 1961, p. 107).
Le catalogue de Michaêl Kantakouzênos est précédé de l’inventaire de la bibliothèque de Manuêl Eugenikos (ff. 37v-42 : Τὰ παρόντα βιβλία εἰσι τοῦ ἐνδοξοτάτου ἄρχοντος κυροῦ Μανουὴλ τοῦ Εὐγενικοῦ) et suivi de celui de la métropole de Rhaidestos (ff. 51-54v : Ταῦτα τὰ κάτωθεν βιβλία εἰσὶν ἐν τῷ Ῥαιδεστῷ). Il constitue le septième inventaire transmis par ce recueil. Michaêl Kantakouzênos, actif dans le troisième quart du 16e s., appartient à la quatorzième génération des Cantacuzènes, nés entre 1500 et 1520 (selon FILITTI, 1936, p. 13). Il fut un descendant des Cantacuzènes d’Anchialos et une personnalité contestée ; il doit son surnom « Seitanoglou » (« le fils du diable ») à son rôle dans les intrigues politiques et religieuses de son temps (PAPAZOGLOU, 1983, p. 327-329).
On recense 57 livres, tous des manuscrits, qualifiés de χαρτία ou de βιβλία. Les volumes sont numérotés en chiffres grecs et cités par ordre croissant. Les entrées contiennent le nom de l’auteur, une description plus ou moins détaillée du contenu, avec une indication systématique de la matière, sous la formule « καὶ ἔνε/εἶναι το χαρτί » accompagnée d’un qualificatif : on y trouve vingt-huit manuscrits en papier (« βιββάκινο» / « κόλλες βιββάκινες»), treize en papier soyeux (« κόλλες μεταξωτές»), sans doute encore un élément imaginaire, et seize manuscrits en parchemin («βιβράϊνο»/ «βεβράϊνο»). On notera l’usage de l’adjectif βιββάκινος, déformation de la forme tardive de l’adjectif βαβύκινος pour désigner le papier oriental (ATSALOS, 2004, p. 36, 111), ainsi que l’emploi du nom d’origine italienne κόλλα, qui signifie la feuille (KRIARAS, Λεξικό, H’, p. 232, s.v. κόλλα). On y trouve également un manuscrit illustré : il s’agit d’un traité médical muni de représentations de toutes les urines : ἔχει καὶ ὅλα τὰ οὔρα φιγουράδα (ιζ’) ; l’usage de l’adjectif φιγουράδος, encore un emprunt linguistique à l’italien, est caractéristique des catalogues tardifs (ATSALOS, 2004, p. 111).
Malgré l’impression générale de désordre, quelques unités thématiques se dégagent clairement : les entrées Ϛ’-να’ (à l’exception du livre ζ’) concernent la médecine et les recettes médicales, et les entrées νβ’-νε’ et γ’-δ’, ζ’ la théologie. L’histoire est moins représentée (β’, ε’, νζ’) et l’oneirocriticon qui ouvre la liste constitue un cas isolé (α’). Les intitulés sont d’une longueur à peu près égale et font mention de l’auteur et du titre en donnant parfois quelques précisions sur le contenu. On trouve deux fois un commentaire assez vague sur le format du livre, la mention «βιβλίον μεγάλο» (ζ, κδ’) et une fois un commentaire sur la qualité du texte transmis « ὅλον σωστό » (κγ’).
La plus grande partie de la bibliothèque, presque exclusivement dédiée à la littérature profane, est consacrée aux ouvrages de contenu médical ; cette particularité distingue le présent inventaire des autres inventaires transmis dans ce recueil et reflète l’intérêt personnel du bibliophile Michaêl Kantakouzênos pour la médecine. Son goût pour la science médicale n’est sans doute pas étranger à ses liens avec la figure de Leonardos Mindonios (Λεονάρδος Μινδόνιος) ; ce dernier, médecin et érudit originaire de l’île de Chios qui exerça le métier de médecin en 1576 dans la ville d’Anchialos, fut un ami personnel de Michaêl Kantakouzênos (LAMBROS, 1912, p. 471-472).
De même que pour les autres listes transmises dans ce recueil, les problèmes posés par ce recensement sont très nombreux (PAPAZOGLOU, 1983, p. 340-348), car la réalité se mêle à la fiction et nous sommes dans l’impossibilité de dire avec certitude quels sont les livres de cet inventaire qui se sont trouvés en réalité dans la bibliothèque de Michaêl Kantakouzênos.. Le caractère fictif de l’ensemble du recueil, généralement admis depuis Krumbacher qui y vit un faux, « eine absichtliche Fälschung » (KRUMBACHER, 1897, p. 509) impose la prudence : cet inventaire fait partie d’une entreprise entière qui visait à nourrir l’imaginaire collectif autour de l’image d’une ville encore érudite, munie de bibliothèques richissimes (LAUXTERMANN, 2013, p. 281). Les possesseurs de ces bibliothèques étaient souvent des descendants de grandes familles byzantines.
Le catalogue de Michaêl Kantakouzênos est précédé de l’inventaire de la bibliothèque de Manuêl Eugenikos (ff. 37v-42 : Τὰ παρόντα βιβλία εἰσι τοῦ ἐνδοξοτάτου ἄρχοντος κυροῦ Μανουὴλ τοῦ Εὐγενικοῦ) et suivi de celui de la métropole de Rhaidestos (ff. 51-54v : Ταῦτα τὰ κάτωθεν βιβλία εἰσὶν ἐν τῷ Ῥαιδεστῷ). Il constitue le septième inventaire transmis par ce recueil. Michaêl Kantakouzênos, actif dans le troisième quart du 16e s., appartient à la quatorzième génération des Cantacuzènes, nés entre 1500 et 1520 (selon FILITTI, 1936, p. 13). Il fut un descendant des Cantacuzènes d’Anchialos et une personnalité contestée ; il doit son surnom « Seitanoglou » (« le fils du diable ») à son rôle dans les intrigues politiques et religieuses de son temps (PAPAZOGLOU, 1983, p. 327-329).
On recense 57 livres, tous des manuscrits, qualifiés de χαρτία ou de βιβλία. Les volumes sont numérotés en chiffres grecs et cités par ordre croissant. Les entrées contiennent le nom de l’auteur, une description plus ou moins détaillée du contenu, avec une indication systématique de la matière, sous la formule « καὶ ἔνε/εἶναι το χαρτί » accompagnée d’un qualificatif : on y trouve vingt-huit manuscrits en papier (« βιββάκινο» / « κόλλες βιββάκινες»), treize en papier soyeux (« κόλλες μεταξωτές»), sans doute encore un élément imaginaire, et seize manuscrits en parchemin («βιβράϊνο»/ «βεβράϊνο»). On notera l’usage de l’adjectif βιββάκινος, déformation de la forme tardive de l’adjectif βαβύκινος pour désigner le papier oriental (ATSALOS, 2004, p. 36, 111), ainsi que l’emploi du nom d’origine italienne κόλλα, qui signifie la feuille (KRIARAS, Λεξικό, H’, p. 232, s.v. κόλλα). On y trouve également un manuscrit illustré : il s’agit d’un traité médical muni de représentations de toutes les urines : ἔχει καὶ ὅλα τὰ οὔρα φιγουράδα (ιζ’) ; l’usage de l’adjectif φιγουράδος, encore un emprunt linguistique à l’italien, est caractéristique des catalogues tardifs (ATSALOS, 2004, p. 111).
Malgré l’impression générale de désordre, quelques unités thématiques se dégagent clairement : les entrées Ϛ’-να’ (à l’exception du livre ζ’) concernent la médecine et les recettes médicales, et les entrées νβ’-νε’ et γ’-δ’, ζ’ la théologie. L’histoire est moins représentée (β’, ε’, νζ’) et l’oneirocriticon qui ouvre la liste constitue un cas isolé (α’). Les intitulés sont d’une longueur à peu près égale et font mention de l’auteur et du titre en donnant parfois quelques précisions sur le contenu. On trouve deux fois un commentaire assez vague sur le format du livre, la mention «βιβλίον μεγάλο» (ζ, κδ’) et une fois un commentaire sur la qualité du texte transmis « ὅλον σωστό » (κγ’).
La plus grande partie de la bibliothèque, presque exclusivement dédiée à la littérature profane, est consacrée aux ouvrages de contenu médical ; cette particularité distingue le présent inventaire des autres inventaires transmis dans ce recueil et reflète l’intérêt personnel du bibliophile Michaêl Kantakouzênos pour la médecine. Son goût pour la science médicale n’est sans doute pas étranger à ses liens avec la figure de Leonardos Mindonios (Λεονάρδος Μινδόνιος) ; ce dernier, médecin et érudit originaire de l’île de Chios qui exerça le métier de médecin en 1576 dans la ville d’Anchialos, fut un ami personnel de Michaêl Kantakouzênos (LAMBROS, 1912, p. 471-472).
De même que pour les autres listes transmises dans ce recueil, les problèmes posés par ce recensement sont très nombreux (PAPAZOGLOU, 1983, p. 340-348), car la réalité se mêle à la fiction et nous sommes dans l’impossibilité de dire avec certitude quels sont les livres de cet inventaire qui se sont trouvés en réalité dans la bibliothèque de Michaêl Kantakouzênos.. Le caractère fictif de l’ensemble du recueil, généralement admis depuis Krumbacher qui y vit un faux, « eine absichtliche Fälschung » (KRUMBACHER, 1897, p. 509) impose la prudence : cet inventaire fait partie d’une entreprise entière qui visait à nourrir l’imaginaire collectif autour de l’image d’une ville encore érudite, munie de bibliothèques richissimes (LAUXTERMANN, 2013, p. 281). Les possesseurs de ces bibliothèques étaient souvent des descendants de grandes familles byzantines.
G. Papazoglou, Βιβλιοθῆκες στὴν Κωνσταντινούπολη τοῦ ιςʹ αἰώνα (Κώδ. Vind. hist. gr. 98), Thessaloniki, 1983, p. 72 (datation 1575/8-81)
Personne
Type | Notice | Date | Lieu | Commentaire | |
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a été commandité(e) par
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Crusius, Martin (1526 - 1607) | |||
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a été élaboré(e) par
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Zugomalas, Theodosios (1544 - 1607) |
Anna Lampadaridi (04/07/2024 15:55)
Cahal Taaffe (26/09/2024 14:39)