Les provenances de la bibliothèque de l’Institut de France

 

L’Institut de France, « Institut national des sciences et des arts », fut créé en 1795 pour remplacer les académies royales abolies par la Révolution. En 1797, le gouvernement mit la bibliothèque de la Ville de Paris à sa disposition. Cette bibliothèque, estimée à la veille de la Révolution française à 24.000 imprimés et 2.000 manuscrits (dont le fonds Godefroy), avait été constituée à l’origine par le legs des collections d’Antoine Moriau en 1759, puis enrichie par le don de Pierre-Nicolas Bonamy et les livres de Joseph Tauxier. Mais son principal bienfaiteur fut Nicolas de La Pinte, abbé de Livry, qui fit des dons en nature et en espèces pour l’acquisition de livres dans les domaines les plus variés. La bibliothèque de la Ville de Paris constitue le noyau de la bibliothèque de l’Institut qui en conserva le cadre de classement jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Les ouvrages provenant des dépôts littéraires issus des saisies révolutionnaires ont contribué également à l’enrichissement de la bibliothèque. Les principales sources furent le Collège de Navarre, le couvent des Oratoriens, et certaines bibliothèques qui se trouvaient au château de Versailles, comme celle des Menus Plaisirs.

On mit enfin à la disposition de la bibliothèque de l’Institut certaines collections provenant des anciennes académies royales : les ouvrages de la bibliothèque de l’Académie des Sciences qui avaient été déposés en 1793 au Museum d’Histoire naturelle furent ensuite réattribués à la bibliothèque de l’Institut. On les reconnaît grâce à leurs marques de provenance.

Lorsque les trois écoles d’architecture, de peinture et de sculpture furent regroupées au sein de l’Ecole des Beaux-Arts et quittèrent le Palais de l’Institut en 1840, la bibliothèque de l’ancienne Académie royale d’Architecture demeura dans les fonds de l’Institut.

Au cours des deux siècles de son existence, la bibliothèque a acquis, par achat, legs ou dons, des livres et des manuscrits de toutes provenances : manuscrits de Condorcet, papiers de Cuvier, herbiers de la collection Delessert, fonds d’érudition de Schlumberger, Champion, Carcopino, Lot, Samaran, correspondances littéraires (Henri de Régnier, Anna de Noailles…), ainsi que des bibliothèques entières comme la collection exceptionnelle léguée à l’Institut en 1905 par le vicomte Spoelberch de Lovenjoul (livres, périodiques, manuscrits de Balzac, George Sand, Mérimée…).

Toute l’histoire de la bibliothèque de l’Institut se retrouve dans les marques de provenance des ouvrages que recèle son fonds ancien et précieux :

  • Ex-libris ou reliures armoriées des précédents possesseurs de collections : Ville de Paris, Denys Godefroy, Moriau, Bonamy, Tauxier, abbé de Livry, collège de Navarre, Académie royale d’Architecture, Académie royale des Sciences, Benjamin Delessert, Louis Bernier, Jean-Baptiste Huzard, Emmanuel Rodocanachi, Gustave Schlumberger…
  • Institutions religieuses ou établissements dont les collections ont été confisquées sous la Révolution : abbayes de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Victor-de-Paris, de Sainte-Geneviève, de Saint-Martin-des-Champs, couvents des Capucins, des Grands-Augustins, des Récollets, collège jésuite Louis-le-Grand, collèges de Navarre ou de Sorbonne, Minimes de la Place Royale, Menus Plaisirs du Roi…
  • Personnalités historiques ou politiques : rois Louis XIII, Louis XIV, Louis-Philippe, reines Anne d’Autriche et Marie-Antoinette, Madame de Pompadour, Louis Bonaparte, Adélaïde de France, Gaston d’Orléans, Henri de la Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, chancelier Henri-François d’Aguesseau, abbé Fleury, ministre Etienne Charles de Loménie de Brienne, maréchal Antoine de Gramont, cardinal de Richelieu…
  • Artistes, écrivains, scientifiques, académiciens : Vittorio Alfieri, Federico Cesi, Ampère, Hercule Catenacci, Antoine-Laurent de Lavoisier, Maxime Du Camp, Ambroise Firmin Didot,  Théophile Gautier, les frères Goncourt, Ludovic Halévy, Hippolyte Larrey, André Maurois, Jean Leclant…